Ce documentaire réalisé par Laure Martin Hernandez, résonne tel une invitation au
voyage, à celui d’une vie, d’une couleur, d’une traversée. Une traversée de l’histoire, de
la conception, passant par les dessous de l’atelier, et allant jusqu’à la de la présentation
de l’exposition à Dakar de l’artiste martiniquaise Valéria John.
À travers une recherche artistique et identitaire mêlant matières, formes et couleurs,
l’artiste nous invite à repenser notre rapport à l’histoire à travers l’art. Ce voyage se
décompose en plusieurs étapes, séquencé en quatre chapitres distincts, aux noms
faisant échos à une plante, l’indigo : la germination, la croissance, la floraison et enfin la
fructification. Loin d’être anodine, ces nominations permettent de saisir l’importance du
dialogue dans le processus de création de l’artiste, établi avec cette couleur aux
multiples nuances, ouvrant d’après l’artiste Ernest Breleur, “des possibles
extraordinaires”, quasi infini.
Ce lien puissant avec l’indigo a permis, et permet encore à Valéria John de retracer, se
réapproprier et renouer son histoire, celle de la Caraïbe, jusqu’à lors “perdu au fond de
l’Océan”. Ces bleus symbolisent les nuances des bleus marins, traversé par l’Histoire
qu’ils retracent, et proposent une relecture de cette dernière : que l’artiste s’efforce non
seulement de narrer mais également de transmettre. Cette notion de transmission
transparaît également dans le désir de l’artiste à apprendre à ces étudiant.es à la
légitimité de créer.
Vêtue de bleue, arpentant les rues parisiennes, l’artiste nous amène dans ses souvenirs
d’étudiante, et d’un choc esthétique : Pierre Soulage. Mais c’est son premier voyage à
Dakar qui marquera un réel tournant dans la vie de l’artiste, se détachant des idées et
histoire de l’art européocentré.
Son retour lors du documentaire pour l’installation et le processus de création pour
l’exposition de Valéria John se tenant lors de la biennale de Dak’art, est symboliquement
fort de sens. Au coeur des rues teintées de bleu, c’est ici que l’artiste rend hommage à
l’indigo. Dans sa salle d’exposition, l’indigo est, encore une fois, à l’honneur jusque que
sur les murs, dont le bleu médian viennent révéler les bleus des oeuvres, sonnant
comme un véritable hymne à cette couleur.
Lors de la biennale de Dak’art, les vistieur.es vont à leur tour se confronter aux oeuvres
de l’artistes, dont les plans détaillés en font ressortir toutes leurs subtilités, les ressentis
des personnes filmées transparaissent comme une résonance avec leurs souvenirs passés pour certain.es, d’une découverte d’une histoire, ou encore à l’échos à des
traversés lors de parcours migratoires actuels pour d’autres.
Le travail de l’artiste se poursuit lors de son retour en Martinique, où son travail évolue
désormais vers d’autres horizons : la connaissance botanique de l’indigo, brut ;
continuant les recherches et processus de création de cette couleurs.

Anna Abadie