Beya Gille Gacha. Pourquoi j'ai arraché ma peau
Détails
Exposition. Du 5 juin au 15 juillet. Galerie La Véranda.
Le rapport au corps et à la peau est prépondérant dans le travail de Beya Gille Gacha.
Artiste multidisciplinaire, sa pratique commence par une réinvention de la technique et de l’art perlé Bamiléké, auquel elle s’initie sur les terres de sa famille, au Cameroun. à l’occasion de sa première exposition solo, nous creusons jusqu’aux racines de son art et de son inspiration. Il nous faut pour cela apprivoiser ses sculptures anthropomorphes aux peaux extraordinaires, soutenir leurs présences si humaines, leurs regards. En arrachant sa peau, l’artiste s’exhibe volontairement dans un geste d’une extrême violence. Le visiteur intrigué, indigné, le jugera peut être inhumain. Or, le concept de l’humain et de l’inhumain n’est pas universel. Considérer l’autre comme moins qu’humain, ou comme moins qu’un homme semble donner le droit, l’histoire l’a montré, au traitement inhumain. L’artiste se saisit ici de l’affliction de l’humain ou de la femme que l’on a jugé sans procès moins qu’un humain ou moins qu’un homme, à travers son propre vécu. Manifeste féministe, humaniste. Pour protester, pour refuser, elle devance l’injustice et le sévice. Elle prive le bourreau de sa violence, lui ôte de la bouche, elle lui refuse. Elle s’empare de ce pouvoir et s’en fait cadeau : l’offrande brutale d’une liberté amère.
Salimata Diop, commissaire
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