Le sacre du sucre
Le “sucre” est l’estampille d’une expérience unique dans l’histoire de l’humanité, celle de la colonisation; où les corps ont été au bout de leur déshumanisation. Lēnablou, héritière de cette histoire nous embarque dans cette étincelle sensible de la création humaine : l’art du fap-fap, de l’inattendu, de l’improbable, de la rupture, de l’imprévisible; en somme, une esthétique de l’harmonie du désordre .
“Le Sacre du sucre” signe l’avènement d’un style de vie qui s’est planté en terre caribéenne. La canne à sucre a enraciné des hommes, des femmes, une histoire, une mémoire, une culture. Cette tige végétale fait résonner dans l’imaginaire des uns et des autres des mots qui rappellent la souffrance et invitent à la collision des différences. Esclave/maître/Blanc/Noir alimentent encore et encore nos émotions.
“Le Sacre du sucre” de la chorégraphe Lēnablou refuse la narration de l’héritage colonial. Ici et maintenant, elle danse le geste ancestral où l’homme africain, européen, amérindien, indien, en a créé de nouveaux. Une danse lézardée, chaotique, parfois siwomyèl (sirop miel), toujours en attente d’une rèpriz, d’un souffle, pour acter la vie.
Le corps branlant converse avec le son et avec lui-même pour écrire son propre récit, débarrassé de tous oripeaux, libre de se penser et de penser le monde.