VICTOR ANICET. SEVE

Victor Anicet est un artiste plasticien martiniquais né le 18 avril 1938 dans la commune de Marigot, qui est située au Nord de l’île, au bord de la mer. À cette époque, la Martinique est encore une colonie. Il est le cinquième frère d’une famille de neuf enfants. Alors qu’il est âgé de sept ans, son père, qui était marin pêcheur, est emporté d’épuisement et décède à ses côtés. L’enfant peine a réaliser l’ampleur de l’évènement qui vient de se dérouler sous ses yeux. On peut en effet comprendre le choc que cela représente, surtout lorsque l’on est si jeune. La vie de famille en sera à jamais bouleversée, ce qui est normal et naturel car il s’agit d’une épreuve redoutable qu’il est très difficile d’affronter. La mère de Victor Anicet doit beaucoup travailler. La fratrie doit apprendre l’autonomie et intègre ce qu’est l’adversité, tout en maintenant un état d’esprit positif et optimiste. Le contexte possède encore sa propre rudesse, mais Victor Anicet reste avide, dynamique, et il aime se promener le long de la côte Atlantique.

Il travaille bien à l’école et va aider sa mère de temps en temps, lorsqu’elle travaille dans les champs de canne à sucre, qui sont situés aux abords de l’Habitation Duhaumont. Quelques années plus tard, au sein de cette habitation, Victor Anicet rencontre le Père Robert Pinchon qui est encore un archéologue amateur. Il l’accompagne dans ses fouilles : ce sera une révélation. Les années passent, Victor Anicet quitte le Marigot et obtient son diplôme d’arts appliqués à Fort-de-France. Il a 18 ans et part s’installer à Paris, ou il intègre l’École des Métiers d’Art, au sein du département de formation en céramique. Il fait beaucoup de recherches et continue de fournir un excellent travail : il sera major de sa promotion. Il voyage en Europe, il collabore avec plusieurs artistes et céramistes de renom, puis il revient définitivement en Martinique en 1967. Il explore d’autres matériaux artistiques tout en s’attachant à explorer l’Histoire de la Martinique et en 1984, il fonde le groupe Fwomajé, avec les artistes « Ernest Breleur, François Charles-Édouard, Yves Jean-François, René Louise et Bertin Nivor », qui est « le groupe le plus engagé et le plus structuré dans la recherche d’une esthétique caribéenne »1. Il enseigne les arts plastiques dans plusieurs communes en Guadeloupe et en Martinique. Il fonde un atelier de céramique en 1991, et devient un plasticien éminent. Il expose ses œuvres au-delà des frontières insulaires, dans la Caraïbe, en Europe, aux États-Unis, ou encore en Asie. En 2017, le lycée Saint James de Saint-Pierre devient le Lycée polyvalent Victor Anicet, et ses œuvres sont présentes dans l’espace public à Pointe-à-Pitre, à Fort- de-France, au Marin, au Diamant, à Sainte-Luce, au Lorrain, au Gros-Morne, au Morne-Rouge, à Schœlcher, à Basse-Pointe ou à Saint-Pierre.

1 Dominique Berthet, Art contemporain en Martinique, Paris, L’Harmattan, 2020, p. 25.