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Migrants, l’exposition

Hugues Henri

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Du 14 janvier au 23 février - Galerie La Véranda

« Il n’existe jamais de bel exil. Tout exil est souffrance. L’exil est une espèce d’insomnie… ». Hugues Henri.

L’exposition Migrants d’Hugues Henri traite d’un sujet brulant de l’actualité. Sur tous les médias internationaux, les phénomènes des migrants, des réfugiés, des demandeurs d’asile et des sans-papier où des frontières occupent les scènes des informations politiques, économiques et humanitaires dans le monde.

Dans le travail exposé par Hugues Henri, au moyen de peintures, de vidéos et de deux installations, nous découvrons une chronique narrative sur l’histoire des migrations dans le monde. La démarche est assez atypique car elle s’inspire du dessin de presse qu’affectionne l’artiste.

Les toiles, qui très souvent emploient les moyens stylistiques des bandes dessinées avec leurs bulles – où sont inscrites des dates, des sanctions politiques, des phrases repère de l’actualité
– nous renseignent sur les causes des départs ou sur les refus politiques de certains pays. Elles se lisent et se connectent aux événements contemporains. Sur des fonds sombres et expressionnistes, avec une palette contrastée de couleurs complémentaires stridentes, des coups de pinceaux viennent dessiner les épaves de bateaux, des individus dans leurs gilets de sauvetage, des corps renversés, en train de se noyer ou laissés à la dérive au grès des océans. Le dessin est incisif et veut rendre la gravité et la tension de ces événements tragiques.

Chaque tableau avec un cadrage serré, est ressourcé auprès de faits historiques réels.

L’art ne manque pas de cas de migrants qu’évoque cette exposition. Des peintres tels Picasso et Miro vont aussi fuir l’Espagne avant la guerre civile, ce que représentent deux toiles d’Hugues Henri. De même, le fameux et monumental tableau de Géricault, Le radeau de la méduse (491 cm X 716 cm, conservé au Musée du Louvre).

Dans son installation au sol, chargée d’éléments réels qui renvoient aux migrations (gilets de sauvetage, couvertures de survie, valises et tongs encerclées de fils barbelés), nous découvrons une scénographie formée d’une épave, sorte de radeau précaire et d’un mirador avec sa caméra de vidéo-surveillance, éléments du réels qui catalysent des objets signifiants propres aux migrations. En même temps qu’il semble adhérer à la réalité, ce nouveau Radeau de la méduse, œuvre de circonstance, met en lumière, au sens figuré et propre, la propension de tout être humain à représenter la figure de l’altérité en prise avec la terrible actualité de la « crise migratoire ».

Dans le cheminement de l’exposition, nous rencontrons une vidéo réalisée avec des montages de photographies tirées de l’actualité, montrant des migrants sur des radeaux de fortune, luttant pour leur survie, s’accrochant aux bateaux qui pourraient les sauver.

Une seconde installation centrale dans la salle d’exposition est au sol. Plus atypique dans sa conception, elle met en scène plusieurs éléments hétéroclites. L’Europe y est toujours remise en question avec ses 28 pays cacophoniques traduits par 28 panneaux de dessins de corps ou de lutteurs, accrochés les uns aux autres et présentés sous la forme d’un grand dépliant en accordéon ; avec ses deux miradors à chaque extrémité de l’installation – sorte d’immeubles aveugles – entourés pour être défendus par des barbelés et coiffés par deux caméras de vidéo- surveillance ; avec ses deux poubelles portant l’inscription « opinion publique E.U (Union Européenne) où sont encastrées deux paires de jambes de femmes avec des chaussures à talons ou des bottes noires. Tous ces éléments assemblés donnent un aspect surréaliste à cette installation, mise en scène qui met en relation des éléments hétérogènes et singuliers, porteurs de sens. Atypique, cette installation, sorte de pamphlet du sort réservé aux migrants par l’Europe, confirme comment les artistes peuvent ou doivent réagir « esthétiquement » aux maux de la société

Ainsi, l’exposition « Migrants », empruntant ses modes d’apparition vernaculaire, diffuse des interrogations fortes à travers le corps social. La question migratoire ne fait que prolonger d’autres fractures, coloniales, écologiques, raciales, Nord/Sud… C’est là, pour Hugues Henri, le terrain de prise de conscience privilégiée d’un art qui se soucie encore de l’humain.

Sophie Ravion D’Ingianni

Docteure en Sciences de l’Art et Esthétique – Paris 1 – Sorbonne Historienne et Critique d’Art – Commissaire d’expositions
Membre du C.E.R. A.P. et du C.R.I.L.L.A.S.H. (Université de Martinique) Membre de l’A.I.C.A. Caraïbe du Sud.

Hugues Henri est né en 1952 à Béziers. Agrégé d’arts plastiques et Docteur en arts plastiques, il enseigna à l’École Normale de Pointe-à-Pitre puis à l’IUFM de Fort-de-France. Plasticien, il expose aux Antilles, au Brésil et en France métropolitaine. Il est aussi l’auteur de BD adaptées de romans comme Le vieux marin d’après Jorge Amado. Chercheur en art, architecture et littérature contemporains, au CEREAP depuis 1994, sous la Direction de Dominique Berthet, avec de nombreuses publications de recherches, à lire sur Academia.edu – dans les revues Recherches en esthétique et Gaïac – dans les collections Arts d’ailleurs et Ouverture philosophique chez L’Harmattan. Dernière publication : L’art brésilien au féminin, Paris, L’Harmattan, col. Les arts d’ailleurs,2018.

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