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Dahomey

Mati Diop, la réalisatrice franco-sénégalaise, revient sur le devant de la scène cinématographique avec son nouveau documentaire Dahomey, qui explore la restitution de vingt-six trésors d’art béninois, pillés lors de la colonisation française en 1892. Ce film, sorti le 11 septembre 2024, s’inscrit dans un contexte historique et culturel riche, marquant un tournant dans la réflexion sur le patrimoine culturel des pays anciennement colonisés.

Le film Dahomey suit le parcours des œuvres d’art depuis le musée du Quai Branly à Paris jusqu’au palais présidentiel de Cotonou, au Bénin. Cette restitution est le résultat d’une demande officielle formulée par le président béninois Patrice Talon en 2016, qui a conduit à un processus complexe de retour des artefacts après plus d’un siècle d’exil. Les œuvres, qui incluent des statues et des objets royaux, sont chargées d’une histoire profonde et symbolique, représentant non seulement l’art mais aussi l’identité culturelle du peuple béninois.

Dahomey se distingue par sa structure narrative innovante. Diop commence par montrer le démontage minutieux des statues au musée, offrant une perspective intime sur ce processus délicat. La caméra capte les détails de cette manipulation avec soin, soulignant l’importance de ces objets pour leur culture d’origine. Le film incorpore également des éléments de fiction et de fantastique, notamment à travers une voix narrative en langue fon qui donne vie aux statues, permettant ainsi aux objets de s’exprimer sur leur exil et leur retour.

Le documentaire ne se limite pas à un simple récit de restitution; il engage également un débat autour des enjeux culturels et politiques liés à cette opération. Diop a organisé une conférence à l’Université d’Abomey-Calavi où des étudiants discutent des implications de cette restitution pour leur identité culturelle et leur patrimoine. Cette inclusion de voix jeunes et diversifiées enrichit le film en le transformant en une plateforme pour une réflexion collective sur la réappropriation du patrimoine culturel.

Dahomey a été salué par la critique, remportant l’Ours d’Or au Festival international du film de Berlin en 2024. Les critiques louent la manière dont Diop réussit à marier poésie et documentaire, tout en abordant des thèmes complexes comme l’exil, la mémoire et l’identité. Le film est décrit comme une œuvre essentielle pour comprendre les dynamiques post-coloniales et les luttes pour la restitution des artefacts culturels.

Dahomey n’est pas seulement un documentaire sur un événement historique; c’est une exploration profonde des liens entre art, mémoire collective et identité culturelle. Mati Diop parvient à capturer l’essence d’un moment charnière dans l’histoire du Bénin tout en engageant son public dans une réflexion nécessaire sur le passé colonial et ses répercussions contemporaines.

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