This is a repeating event2 septembre 2019 9 h 00 min
Alain Aumis « Rad Kabann »
lun08juil(juil 8)0 h 00 minsam27(juil 27)0 h 00 minAlain Aumis « Rad Kabann »

Quand ?
Lundi 8 juillet 2019 12:00 AM - Samedi 27 juillet 2019 12:00 AM
Détails
Du 08 au 27 juillet *(prolongation du 03 au 14 septembre) – Galerie André Arsenec Alain Aumis : exposition « Rad Kabann » Dans
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Du 08 au 27 juillet *(prolongation du 03 au 14 septembre) – Galerie André Arsenec
Alain Aumis : exposition « Rad Kabann »
Dans la Martinique d’aujourd’hui, pratiquement plus personne en dehors de quelques personnes âgées et un certain nombre de résistants culturels, ne met de Rad Kabann sous son matelas. Malgré la réalité d’une inégalité sociale chronique et d’un appauvrissement galopant de la population, l’aisance affichée et en tout cas perçue fait que chacun possède un lit suffisamment confortable pour n’avoir aucun besoin d’accumuler sur son sommier des vêtements usagés.
Cependant, les Rad Kabann, tout comme un certain nombre de pratiques domestiques, ont marqué pendant longtemps l’habitus martiniquais. Jusqu’aux années 70 et avant l’avènement de l’ère de la consommation acharnée, le martiniquais est plutôt un paysan conservateur. La majorité de la population est pauvre et vit dans des campagnes où on a difficilement accès aux biens matériels. Les matelas, fabriqués artisanalement en toile bourrée de coton souvent récolté près de la maison sont trop onéreux pour la masse. En conséquence, on s’arrange comme on peut et le repos se prend sur une couche souvent partagée entre frères et sœurs, sinon avec les parents et faite d’une accumulation de vieux vêtements usagés, trop petits, déchirés : les Rad Kabann.
S’il est un artiste martiniquais discret et secret c’est bien Alain Aumis.
Son appétit du monde, de l’art et de la philosophie l’a mené loin des rives de son île où il a engrangé les traces, les impacts et toutes les impressions que lui ont laissés les civilisations
et les paysages qu’il a traversés de l’Europe à l’Afrique et du Moyen- Orient à la Caraïbe.
Dans son errance, Aumis n’a jamais cessé de peindre, de graver, d’assembler comme si sa vie en dépendait. Tout le passionne, les sables, les pierres, les poudres d’or, les tissus et tous ces pigments du monde dont il expérimente sans fin l’assemblage sur planche, sur toile et sur tous les supports qui lui tombent sous la main.
Rien ne limite ses thématiques, Dieu et les hommes, les corps, l’histoire, la vie et la mort et ses propres états d’âme. Cette appétence thématique et ce besoin de spiritualité rapprochent d’ailleurs Alain Aumis d’un art haïtien qu’il connaît bien et qu’il a longtemps fréquenté. Chez cet artiste, autant ancré dans sa Martinique que dans le monde, la vastitude contrastant avec un souci du détail exacerbé traduisent la faim de l’univers, mais aussi la nécessité de voyager au coeur même de sa terre et de son être.
Patricia Donatien
Commissaire d’exposition
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Photos :
Vidéo :
Alain Aumis
Né en 1950
Diplomate en retraite, vit en Martinique
« Ce qu’il faut à l’écrivain, comme au peintre, au musicien, c’est l’infini de la vie et l’errance… ». Cette citation de Fernand Ouellette porte connaissance de ma gestion d’une vie loin de tout et de mes racines.
Le travail que je propose possède une nuance autobiographique puisqu’il porte témoignage de mon passage dans des lieux, des atmosphères et des cultures différents. De cet itinéraire dans la solitude et dans la tendresse curieuse suggérée par la découverte des us et coutumes et des traditions urbaines et paysannes, j’ai cherché à m’approprier cette saisie des émotions procurées par des objets usuels ou rituels (planches à laver de Trinidad, planches coraniques des « madrasas » du nord du Nigéria, les planches de construction de Jordanie et les batéas de République Dominicaine. Tous ces objets usuels travaillés et transformés furent autant de signaux de la découverte d’une culture et du métissage, au confort de l’apprentissage des langues vernaculaires.
De retour chez moi, en Martinique, dans un pays plein de lumière dans une poétique de surconsommation occultant une dynamique de colère sourde, j’ai pensé à mon enfance et à ma grand-mère qui transportait sur sa tête les fruits de son verger de Fonds-Saint-Denis à Saint-Pierre à pied ! Aller et retour !
Et puis, après une distribution de friandises aux petits enfants, le moment du repos sur une couche composée de linges, de tissus, glissés sous un drap pour constituer un lit.
On ne jetait rien !
Le concept de « Rad Kabann » a pris forme, les bouts de tissus découpés, devenant matières et couleurs !
Remerciements
Louis Laouchez pour m’avoir ouvert la voie…
Manuel Césaire pour le clin d’oeil…
Patricia Donatien pour la confiance, parce que le bèlè est la source de toute inspiration
et elle le danse à merveille !…
Ma mère… elle sait !
Où ?
Galerie Arsenec