“Papa Djab” est un documentaire captivant de Christian Forêt, nous emmène dans un voyage mystique à travers le temps et l’espace pour explorer la signification profonde des masques du carnaval martiniquais, et les liens qui les relient à des pratiques cultuelles africaines. Le film commence par une observation intrigante, celle d’un personnage masqué lors d’un festival
culturel en Martinique, évoquant le célèbre “diable rouge” du carnaval, Papa Djab. Cette figure emblématique, portant des cornes et des miroirs, a une étrange ressemblance avec des masques rituels de la Casamance, en Afrique.
Le réalisateur entreprend une quête pour comprendre cette connexion mystérieuse et relier les masques du carnaval martiniquais à leurs origines africaines. À travers le récit de Tanbou Bô Kannal (TBK), un groupe de carnaval, l’association de quartier et le mouvement culturel, le film explore l’histoire fascinante de ces masques et de leur rôle dans la société martiniquaise.
TBK, fondé il y a cinquante ans, est un orchestre de rue qui vise à donner une place légitime aux habitants des quartiers considérés comme “de seconde zone.” Ils perpétuent des rythmes traditionnels martiniquais, tels que le kalennbwa, une fusion de la calenda (bèlè) et du chouval bwa, tout en s’engageant à préserver la mémoire culturelle de ces quartiers.
Le documentaire suit Malik Duranty, une figure clé de la scène culturelle martiniquaise, dans son exploration des quartiers de Bô Kannal, où sa famille est originaire. À travers des rencontres avec des facteurs et porteurs de masques de différentes générations, Malik nous plonge dans le monde fascinant des masques Papa Djab et de leur rôle dans la société martiniquaise.
Le film offre également un aperçu des significations culturelles et spirituelles des masques, ainsi que de leur rôle en tant que guérisseurs et gardiens de la tradition. Des explications d’anthropologues et d’experts en culture africaine mettent en lumière l’importance des éléments clés des masques, tels que les cornes, les miroirs et la couleur rouge.
Par la suite, “Papa Djab” nous emmène ensuite au Sénégal, à la recherche des équivalents africains des masques du carnaval martiniquais. Ce voyage poétique révèle des similitudes intrigantes, mais aussi des différences marquées. L’absence d’une réponse définitive quant à l’origine exacte des masques soulève des questions sur la perception de Papa Djab par Aimé Césaire qui a peut-être vu ce qu’il voulait voir pour rétablir la valeur de l’héritage africain.
Le documentaire nous rappelle que le voyage compte autant que la destination, et que la redécouverte de ses racines est un processus complexe.
Le film nous emmène dans un voyage profondément émotionnel à la recherche des masques perdus du carnaval martiniquais, tout en nous invitant à réfléchir sur la mémoire culturelle et l’importance de préserver notre héritage africain.
Dylan Chopard